Ne fais plus passer ton śavāsana à la trappe

Ah le fameux śavāsana !

Celui qui arrive à la fin de la pratique d’āsana et qui, soit nous enchante, soit nous révulse. 

Si t’es dans la team de celles qui détestent śavāsana, ne t’inquiète pas! Ce n’est pas moi qui vais te jeter la première pierre. Pendant longtemps je me suis dit « fais tes āsana et si t’es stressé en temps à la fin, c’est pas grave « skip » le śavāsana ».

Et pourtant grave erreur!

Although this asanas appears simple, it is the most difficult to master. 

Geeta S. Iyengar

Je pense que je n’aurai pas dit mieux moi-même!

Si je zappais souvent cette dernière posture. C’est probablement parce que je n’arrivais pas à rester tranquille.

Pourquoi rester 5 minutes allongée au sol à la fin alors que j’avais mille choses à faire après mon cours? Autant le zapper et passer directement à la suite. Non?

Mon wake-up call ça a probablement été pendant ma formation de prof de Yoga. Marcela (ma prof principale) nous a dit « Never skip śavāsana, this is probably the most important āsana ». Hum okay… ça fait un moment que je fais faux alors…

Etre allongé sur le sol comme un cadavre étendu sur le dos, c’est śavāsana. Savāsana dissipe la fatigue et apporte à l’esprit le repos. 

Hatha Yoga Pradipika I.32

Oui śavāsana ça veut bien dire l’āsana du cadavre. Mais il n’y a rien de morbide la dedans c’est un peu plus profond que cela. C’est une espèce d’expérience de mort tout en restant vivante. Comme si, pour un bref instant, le corps, l’esprit et la parole étaient immobiles.

L’explicatif de texte de ma version du Hatha Yoga Pradipika (traité de Hatha Yoga, Introduction, traduction et commentaires par Tara Michael, Préface de Jean Filliozat, 1974) est le suivant : « Savāsana est la posture de « relaxation » par excellence. Le sol doit être plat, la colonne vertébrale droite, les paumes tournées vers l’extérieur (selon la manière traditionnelle de disposer les morts), le dos doit adhérer au sol comme dans le sommeil. Le but de cette posture est de dissiper la tension et la fatigue provoquées par l’exercice des asanas, et grâce à l’interaction du corps et de l’esprit, d’amener aussi la pensée à un état d’immobilité et de repos total ».

Je pense d’ailleurs que c’est la dernière partie « amener aussi la pensée à un état d’immobilité et de repos total » qui m’a posé beaucoup de problèmes au début. Et qui d’ailleurs me challenge encore pas mal certains jours. 

Rester immobile comme un cadavre, maintenir le corps et l’esprit calme. Cette relation consciente permet de libérer les tensions et de ramener de l’énergie. Un peu comme quand on recharge la batterie du téléphone. C’est à la fois rafraichissant et revigorant. 

Savāsana, c’est donc ce moment d’introspection où le coeur, le corps et l’esprit ne font plus qu’un. C’est le moment indispensable pour passer du yoga-gym au yoga tout court. Savāsana c’est le maillon qui connecte āsana (posture) et prāṇāyāma (souffle) et qui nous amène en douceur sur le chemin spirituel. 

Il y a plein de recommandations concernant les ajustements en śavāsana. Je dirai que si tu dois en en retenir un seul c’est de faire en sorte de relâcher complètement l’ensemble de ton corps. Pour la respiration je t’invite à maintenir ta respiration de référence. Cette respiration naturelle, douce et calme, comme le doux écoulement d’une rivière. 

Tu as peut-être aussi déjà vu certaines personnes mettre un petit coussin de graines sur les yeux pendant śavāsana. C’est une manière de relaxer les yeux. Lorsque l’esprit part à la dérive, le cerveau s’active et les yeux également se mettent en mouvement. En maintenant les yeux immobiles, c’est plus facile de contrôler les pensées. 

D’ailleurs śavāsana n’est pas réservé à la pratique des āsana. Tu peux le faire seul à n’importe quel moment de la journée quand tu en ressens le besoin. Bon c’est sûr qu’au milieu de l’open space en plein après midi c’est pas forcément l’idéal. Mais si tu te sens suffisamment à l’aise dans le lieu où tu te trouves n’hésites pas à t’allonger au sol pour calmer ton système nerveux.

En général à la fin de la séance on profite de śavāsana pendant 5 à 10 minutes mais on peut continuer 20 à 40 minutes. Jusqu’à ce que le corps et l’esprit soient détendus. D’ailleurs tu savais que traditionnellement tu dois mettre ta tête du côté du prof et pas tes pieds? C’est un signe de respect envers ton professeur.

Petite anecdote rigolote. Il y a quelques temps à la fin d’un cours un élève m’a demandé: « C’était long śavāsana aujourd’hui, tu t’es endormie ou quoi? ». J’ai ri intérieurement. D’une part parce que je ne fais jamais śavāsana avec mes élèves. Je m’assieds en tailleur sur le tapis et s’endormir en tailleur je ne pense pas que ce soit possible chez moi. Et d’autre part parce que ce jour-là le śavāsana a durée 5 minutes, donc à peu près la même durée que d’habitude. Comme quoi la perception du temps varie d’un jour à l’autre et d’une personne à l’autre.

Lorsque tu commences à pratiquer śavāsana c’est normal, c’est okay et c’est pas grave d’avoir des pensées et d’avoir du mal à rester immobile. Personnellement ce qui m’aide beaucoup c’est de scanner mon corps pour y noter les sensations. Et quand j’ai l’esprit qui pense à ce que je vais manger après le cours et à ma lessive que je vais devoir sortir du sèche linge. Avec douceur et bienveillance je le ramène vers la partie du corps que j’étais en train de scanner. 

Avec le temps le processus deviens plus facile, même si certains jours vont mieux que d’autres.

Ca prend du temps de rendre silencieux le corps et l’esprit. D’ailleurs c’est bien possible que tu t’endormes pendant śavāsana les premières fois. On n’est pas vraiment habitués à s’allonger sur le dos dans le silence, en général quand cela nous arrive c’est pour dormir. Mais c’est pas grave. Je t’invite à persévérer jusqu’à ce que tu puisses rester allongée calme et sereine dans le silence sans t’endormir.

Savāsana ce n’est pas seulement s’allonger un moment sur le dos à la fin de la pratique d’āsana.

C’est un état de méditation et il fait partie intégrante de ta pratique de yoga.


Photo de Cliff Booth provenant de Pexels

Julie

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