Guru? Tu as osé dire guru?
Aujourd’hui c’est Guru Pūrṇimā.
La pleine lune dédiée au principe même du guru, au premier guru Adiguru. C’est la pleine lune la plus auspicieuse de l’année, la lune du guru.
Selon la tradition védique ce jour arrive une fois par année à la pleine lune du mois d’Ashadha. C’est la pleine lune qui vient juste après le solstice d’été, cette journée où le jour est le plus long de l’année, où la lumière dure le plus longtemps. On peut voir cette pleine lune du solstice comme une manière de rassembler, d’emmagasiner toute cette lumière et de la refléter lorsqu’elle devient pleine. C’est une tradition de lumière autour de la transformation et de la sagesse. Le feu transforme et le feu éclaire les choses. Le feu c’est ce qui enlève les ténèbres, ce qui enlève l’ignorance.
Guru Pūrṇimā c’est la tradition de la connaissance qui transforme.
Chaque Guru Pūrṇimā a une connotation unique et on peut voir ce jour comme une manière de lancer notre année de relations avec nos enseignants, nos mentors, nos gurus.
En Europe, le terme de guru à une connotation assez négative. Pourtant en Inde c’est simplement un terme très vaste qui désigne aussi bien un professeur qu’un guide spirituel.
Sur le chemin du yoga la relation entre l’apprenti yogi entièrement consacré à sa pratique (sadhaka) et le guru est fondamentale.
Les enseignements sont transmis par le son, la parole et la relation c’est ce qu’on appelle le principe du guru ou guru-Paramparā. C’est à travers cette relation, qu’on appelle guru–shishya (maitre-élève) que la connaissance, la sagesse qui élève est transmise.
Quelques points essentiels concernant le principe même du guru soulignés par mon professeur, mentor et guide. Oserai-je dire guru? Prasad-ji
Ici on parle bien du guru en tant qu’entité séparée et indépendante, pas du guru intérieur. Même si celui-ci peut avoir différentes formes ou différentes facettes, c’est une entité avec laquelle on a une relation. Cette relation réveille quelque chose à l’intérieur mais il s’agit bien de quelque chose d’externe.
Le guru c’est celui qui enlève l’ignorance, c’est celui qui allume la lumière.
16 faits sur les gurus et leurs disciples
- La relation entre le guru et son disciple est la base, le fondement l’éthique traditionnelle yogique. C’est un point sur lequel les 4 religions nées en Inde sont d’accord.
- En Inde, guru est un terme générique appliqué aussi bien à un enseignant qu’à un guide spirituel.
- Le Yoga sadhaka peut avoir plusieurs gurus comme enseignants, mais d’un point de vue spirituel, l’abandon et l’engagement envers un seul guru sont cruciaux.
- On en revient toujours à faith & commitment.
- Avoir un guru n’est PAS un privilège mais une responsabilité.
- Avoir un guru ne rend PAS la vie facile. Être avec un vrai guru est plein de défis.
- Je confirme !! Prasad me challenge régulièrement dans ma pratique personnelle et dans mon travail de professeure de Yoga.
- La relation guru-disciple est basée sur l’amour, la confiance et l’engagement. Comme toute relation solide, et comme toute relation, celle-ci aussi est un acte d’équilibre.
- Ne t’attends pas à ce que ton guru qu’il fasse le travail pour toi! Il te guide et t’accompagne mais si tu n’as pas envie de bosser il ne peut rien pour toi.
- La capacité de guru s’étend sur un spectre très large. Certains gurus ne sont que des enseignants, tandis que d’autres ont le pouvoir de vous accorder le Samadhi (l’éveil spirituel, le nirvâna des bouddhistes). Le disciple accède au guru selon ses propres capacités.
- Le guru ne simplifie pas toujours les choses. Le disciple doit mûrir pour acquérir une plus grande sagesse.
- Chaque étape que tu vis est nécessaire et indispensable à ton expansion. Il faut parfois vivre des choses difficile pour passer à l’étape d’après. Ton guru n’est pas là pour te donner des cheat codes.
- Un guru n’enseigne pas nécessairement au sens conventionnel. Le vrai guru de chacun (appelé Sadguru) est un donneur d’expérience plutôt qu’un simple enseignant.
- Le disciple apprend davantage en compagnie du guru que dans les études théoriques .
- Le guru peut ou non être dans un corps physique. Cela dépend de la maturité spirituelle du guru et du disciple, de la manière dont ils accèdent l’un à l’autre.
- Guru et disciple, tous deux ont le droit de se tester avant de s’engager.
- Comme dans une relation ou dans un job. On teste si ça matche avant de s’engager.
- Peu importe à quel point le guru est spirituellement évolué, lorsqu’il se manifeste sous une forme physique, il est soumis à la loi du karma. Comme chaque être humain. Les « loups déguisés en brebis » sont soumis eux-aussi aux lois du pays.
- Le guru ne correspond pas toujours à l’image à laquelle on voudrait qu’il ressemble.
- Se consacrer au guru devrait rendre quelqu’un humble, honnête, responsable, intrépide et véridique. Tant qu’il n’aura pas atteint ces qualités le disciple sera testé.
- Ne pas avoir de guru n’est pas un revers. Le guru Universel et sans forme nous guide toujours, il faut avoir la foi. Quand notre sattva* mûrit, notre Guru se manifeste.
*sattva: dans la philosophie Sāṃkhya, il s’agit de l’une des trois qualités (guṇa) de la nature / de la vie, l’essence de la vérité, de la pureté, de l’harmonie.
Life is a fabulous phenomenon if you know how to ride it. Sadhana empowers you to ride the surf of life.
La vie est un merveilleux phénomène si tu sais comment la surfer. Ton Sadhana (ta pratique spirituelle) te donne le pouvoir de surfer les vagues de la vie.
Sadhguru
Pourquoi célèbre-t-on Guru Purnima?
Je te propose un extrait de la réponse de Sadhguru à cette question. Article original en anglais ici.
Guru Purnima est le jour où le premier guru est né. Dans la culture yogique, Shiva n’est pas considéré comme un dieu, il est considéré comme l’Adiyogi, c’est-à-dire le premier yogi.
Guru Purnima est ce jour de pleine lune où le premier yogi s’est transformé en Adi Guru (le premier guru).
C’est le moment de l’année où, il y a plus de 15 000 ans, son attention s’est portée sur les Saptarishis – ses sept premiers disciples. Ils avaient fait une préparation simple pendant 84 ans. Lorsque le solstice se déplaça du solstice d’été à celui d’hiver, Adiyogi regarda les Saptarishis et vit qu’ils étaient devenus de brillants réceptacles de connaissance.
Il ne pouvait plus les ignorer. Il les a observés de près et lorsque la prochaine pleine lune s’est levée, il a décidé de devenir un guru.
Ce jour de pleine lune est connu sous le nom de Guru Purnima. Il se tourna vers le sud et la transmission de la science yogique aux sept disciples commença.
La science yogique ne consiste pas à savoir comment plier ton corps ou retenir ta respiration. C’est la science qui permet de comprendre la mécanique du mécanisme humain. Et ainsi d’être capable de le démonter ou de le remonter comme un moteur. Adiyogi a fait un changement dimensionnel dans la façon dont les gens perçoivent et comprennent l’existence et la source de la création. Il a dit: “Si vous marchez sur ce chemin, il n’y aura aucune distinction entre vous et ce que vous appelez le créateur.” Le voyage va de la création au créateur.
Quand Adiyogi parlait, il ne parlait ni de religion, de philosophie ou de dogme. Il parlait d’une science, d’une méthode scientifique grâce à laquelle vous pourriez défaire les limites que la nature a fixées à la vie humaine.
Chaque limite que nous fixons a pour but initial de nous protéger. Nous construisons une clôture autour de notre maison avec l’intention de la protection. Mais une fois que tu ne sais plus pourquoi tu établis ces limites, les limites de l’auto-préservation deviennent également des limites d’auto-emprisonnement. Et ces limites n’ont pas une forme unique. Elles ont pris tant de formes complexes.
Je ne parle pas seulement des limites psychologiques que tu te fixes. Je parle des limites fixées par la nature pour ta protection et ton bien-être. Mais la nature humaine est telle que tu ne peux pas connaître le véritable bien-être à moins de transcender les limites des frontières qui te sont imposées. C’est une situation humaine. Lorsque tu e en danger, tu veux une forteresse autour de toi. Au moment où le danger est parti, tu veux que tout s’effondre et disparaisse.
Mais si la limite que tu te fixes pour ton auto-préservation ne descend pas quand tu le souhaites, tu te sens emprisonné et étouffé. Surtout lorsque ta as développé ton intellect. Chaque limitation ou chaque chose qui nous confine à une autre chose est le pire qui puisse nous arriver. Les êtres humains craignent plus l’enfermement que la torture. Au moment où un être humain se sent confiné, sa souffrance est indicible.
Le travail de Shiva était d’apporter les outils de prise de conscience qui pour nous permettre de transcender ces frontières – des outils qui nous permettent de garder les forteresses dans la mesure où elles servent leur objectif et de les faire disparaître lorsque l’on n’en a plus besoin.
Comment construire cette forteresse magique que seules les forces dangereuses pour ton existence voient, mais que toi-même tu ne peux pas voir? C’était le travail d’Adiyogi. Utilisant la nature illusoire de base de la nature elle-même, il a proposé de nombreuses méthodes incroyables pour construire cette forteresse magique que tu peux traverser mais qu’aucun ennemi ne peut pénétrer. Guru Purnima célèbre cela, que quelque chose de si sophistiqué et phénoménal a commencé pour la première fois pour la race humaine.
C’est en ce jour, pour la toute première fois dans l’histoire de l’humanité, qu’il a été rappelé aux êtres humains qu’ils ne sont pas une vie figée. S’ils sont prêts à lutter, toutes les portes de l’existence sont ouvertes.
Adiyogi a mis l’idée qu’un être humain peut évoluer au-delà de ses dimensions actuelles d’existence; et il a donné les outils pour en faire une réalité. C’est l’idée la plus précieuse qui soit entrée dans l’esprit humain : qu’il puisse évoluer au-delà de ses limites actuelles et entrer dans une dimension complètement différente d’expérience, d’existence et d’accès à l’existence.
Sources
- Yoga with Kaya
- Yoga Prasad Institute