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Bilan de Vipassana après 6 mois

Temps de lecture : 6 minutes

Que reste-t-il de Vipassana 6 mois après?

6 mois … déjà??

J’avais prévu de faire une série d’articles pour te partager mon cheminement et suivre mon évolution mais le tourbillon de la vie a mis d’autres priorités sur mon chemin. J’ai avancé mais je n’ai pas pris le temps de te le partager. 

Pourtant j’adore écrire. Ça me permet de mettre de l’ordre dans mes pensées, de les affiner, de les rendre un peu plus cohérentes et du coup de faire progresser ma réflexion et peut-être aussi la tienne.

Voici donc un petit bilan à Vipassana + 6 mois. Si tu n’as pas lu l’article qui a suivi mon séjour je t’invite à le consulter ici

J’ai entamé mon travail introspectif lil y a plusieurs années et bien que ce cours ait été mon premier, ce n’était pas mon premier travail sur moi. Les mois qui ont précédé le cours, j’avais commencé à implémenter des changements assez importants (et radicaux) dans ma vie. Plus de distractions, faire une seule chose à la fois, plus de télé, abonnement Netflix résilié. J’étais déterminée me faire face et à régler ce qu’il fallait régler pour avancer, expérimenter et vivre une vie plus alignée.

Lorsque j’ai terminé Vipassana j’ai voulu aller encore plus loin.

Je me suis mis pour objectif d’arrêter totalement l’alcool et de méditer 2 heures par jour jusqu’à mon anniversaire (c’est à dire environ un mois après) comme recommandé par S.N.Goenka (lui n’avait pas proposé de limite de temps mais pour mon mental c’était important qu’il y ait un objectif temporel). C’était un défi pour moi à la fois vis à vis de moi-même mais également vis à vis de mon entourage

Accepter et faire accepter mes choix.

Vouloir changer et évoluer c’est bien, le faire de manière radicale j’ai appris que chez moi ce n’était pas une bonne idée… j’ai simplement réussi à mettre mon système nerveux en panique.

En m’imposant de méditer 2 heures par jour je me suis mis une énorme pression. Pression tellement énorme que j’y ai perdu tous les bénéfices de la pratique! Au lieu d’être plus claire, équanime et efficace je créais des vagues mentales en pensant sans arrêt à comment j’allais réussir à caser mes deux sessions quotidiennes. Les plages que j’allouais à la méditation n’étaient plus faites avec coeur, elles étaient faites par obligation et je culpabilisais lorsque je ne les faisais pas. 

Avant de rejoindre le cours, je méditais déjà le matin et je médite toujours le matin, allonger cette plage horaire était donc plutôt aisée. Par contre le soir, je réfléchissais déjà dans la journée à comment j’allais pouvoir caser cette heure de méditation du soir et ça me prenait une charge mentale et une énergie énorme. J’ai quand même tenu un mois, comme je me l’étais promis mais j’ai compris qu’il fallait que j’adapte et que j’expérimente pour trouver une organisation qui me conviennent à moi.

Aucun intérêt de se contraindre à méditer si ça générait de l’anxiété.

Le but c’est de calmer le mental, pas de mettre le système nerveux en panique. 

Les choses doivent se faire graduellement pour qu’elles soient pérennes et c’était un beau petit rappel de la Vie dans ce sens. 

En ce qui concerne ma décision d’arrêter l’alcool, étonnement ça n’a posé aucun problème. Ma consommation s’était drastiquement réduite d’elle-même les mois qui ont précédé le cours même si je disais très rarement non à une bière ou un verre de vin. J’ai prolongé mon expérience sans alcool pendant 2 mois et un jour j’ai eu envie de boire une bière avec des amis et je me suis dit pourquoi pas! Je pense que c’est la différence entre se laisser gouverner par ses sens et agir pour soi en pleine conscience. Maintenant je me sens beaucoup plus libre de dire oui ou non selon si j’ai envie de boire un verre ou non, sans pression sociale. 

Ce qui m’a beaucoup surprise, ce sont les réactions des gens autour de moi. Je me suis rendue compte que quand on est alignée avec soi-même et qu’on est ferme sur nos choix, peu importe nos décisions les gens respectent. C’est quand on commence à douter que les autres profitent de nos failles. On se fait souvent des films dans nos têtes en se disant « mais qu’est ce qu’ils vont bien pouvoir penser si je leur dis que je vais m’isoler pour méditer ?» ” si je dis non a l’alcool, est-ce qu’on va penser que je suis enceinte?” Alors qu’en fait souvent quand tu énonces un fait, on te répond juste « okay ».

Pas la peine de partir au pays des histoires.

Vipassana c’est une expérience extrême pour beaucoup de personnes. Pour moi c’était une expérience formidable mais je pense que le cadre privilégié dans lequel on évolue durant le cours est difficile à reproduire dans nos vies quotidiennes. Ou tout du moins dans la vie quotidienne que j’ai choisie, celle d’une « householder » et non d’une nonne. Celle où je dois subvenir à mes besoins et dans laquelle ma marge de manoeuvre est limitée.

Peut être que ma pensée évoluera avec le temps mais je pense que la vie c’est le tao, la voie du milieu. Une quête constante d’harmonie. Une chose à la fois, un pas après l’autre et si je peux simplement mourrir avec un esprit un peu plus tranquille que celui avec lequel je suis arrivée sur cette Terre ce serait merveilleux. 

Je pense qu’un côté qui me dérange / m’a dérangée dans Vipassana c’est justement ça. D’après les enseignement transmis, en pratiquant « diligently » & « consistently » chacun peut se libérer et atteindre l’éveil. 

  • Mais est-ce que j’ai vraiment envie de me libérer?
  • Est-ce que j’ai envie de devenir un Buddha?
  • Est-ce que c’est mon svadharma? 

Je ne suis pas sûre.

Une partie de moi c’est pas prête à renoncer à ses rêves et ses désirs.

Ses rêves de créer et d’impacter le monde.

Ses désirs de construire une relation d’amour avec un être cher.

Grandir et évoluer ensemble. 

Ou est-ce que j’en suis vraiment maintenant?

Je m’installe pour méditer, me concentrer ou juste respirer chaque jour pour au minimum 15 minutes le matin. Et le soir je remplis mon “Q&A for the soul” (365 questions à répondre chaque jour pendant 5 ans) et je prends un moment pour penser à au moins une chose pour laquelle je suis reconnaissante aujourd’hui avant de m’endormir.

La clarté est bien plus présente qu’avant dans mon quotidien et de manière générale je suis plus calme à l’intérieur. Le moral fluctue toujours, des hauts, des bas, c’est la vie mais dans l’ensemble la méditation quotidienne permet quand même de rester down un peu moins longtemps (on parle de minutes ou d’heures hein pas de jours :P).

J’ai appris à reconnaitre les signaux dans le corps et je suis plus à l’écoute des sensations.

Je suis beaucoup plus à l’aise avec moi-même et mes choix et j’ose m’affirmer davantage. 

J’ai voulu trop bien faire, trop vite, tout de suite pour éviter de retomber dans des comportements automatiques mais au final chez moi ce sont les baby steps qui fonctionnent le mieux. Alors même si je suis loin d’avoir éliminé tous mes samskaras, j’ai appris à prendre conscience de nombreux comportements, à agir au lieu de réagir et ça fait une sacré différence dans ma vie! Surtout dans ma relation avec moi-même.

Je n’ai pas repris d’abonnement Netflix, mais je regarde à nouveau quelques séries. Et ça fait du bien à mon mental de se distraire un peu 🙂

Est-ce que ma consommation ou non-consommation d’alcool impacte ma pratique méditative? 

Lorsqu’on rejoint un cours Vipassana on nous demande pendant la durée du cours de respecter un code de conduite : sīla.

Sīla c’est la base pour le développement de samādhi. Tout comme Yama et Niyama sont la base pour le yoga de Maharishi Patanjali. Attention ici samādhi signifie concentration de l’esprit, ce n’est pas le même samādhi que dans les yoga sutra. 

La purification de l’esprit est atteinte à travers paññā — l’intelligence intérieure que l’on développe en se concentrant sur les sensations physiques.

Lorsqu’on rejoint un cours pour la première fois on doit respecter 5 préceptes

  1. S’abstenir de tuer tout être vivant ;
  2. S’abstenir de voler ;
  3. S’abstenir de toute activité sexuelle ;
  4. S’abstenir de mentir ;
  5. S’abstenir de consommer tout produit intoxicant (alcool, drogue,…).

J’ai évidement respecté ces préceptes durant le cours et c’est de là qu’est partie mon choix d’arrêter l’alcool un moment. 

Les substances intoxicantes nous amènent dans un état de conscience modifiée et selon les produits que l’on consomme cela peut rester plus ou moins longtemps dans l’organisme et par conséquent impacter la pratique méditative.

Pour ma part je n’ai pas senti de grande différence mais j’imagine que tout est une question de quantité et de niveau de pratique méditative. 

Tu peux retrouver le code complet Vipassana ici.

Est ce que Vipassana est devenue ma seule technique de méditation?

Oui et non.

Pour être honnête j’ai beaucoup de mal à reproduire les conditions chez moi. Pourtant j’ai un espace très agréable dédié à la pratique. Mon banc est toujours sorti et le coussin toujours visible pour m’inciter à m’asseoir. Mais il y a beaucoup plus de pensées, moins de concentration, plus de bruit aussi et Matcha qui vient réclamer des pappouilles.  

Je pratique donc principalement Anapana qui est le prélude à Vipassana et quand je me perds je recommence, encore et encore et encore

Et si vraiment les pensées sont trop envahissantes je médite avec un audio pour canaliser mon esprit. Il m’arrive également de méditer dans des lieux qui invitent à ce genre de pratique. Dehors dans la nature ou dans des églises. J’aime particulièrement aller en montagne ou me poser dans l’église proche de chez moi.

Et toi c’est quoi ton expérience suite à Vipassana? 


Photo de Noelle Otto

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