Toutes ces choses qui ne nous appartiennent pas

Comme beaucoup de monde, depuis petite j’ai appris à dire merci quand je reçois un présent. Ca fait partie de mon/notre éducation d’être reconnaissante pour les choses que l’on nous donne. Etre reconnaissante pour chaque chose que la vie (ou les gens) nous accorde.

Je suis d’accord avec le fait d’être reconnaissante. La pratique des gratitudes fait partie d’ailleurs de ma vie quotidienne. Sauf que parfois, on reçoit des choses qu’on n’a pas demandées, des choses dont on n’a pas besoin. Et on ne sait pas trop quoi en faire. Alors on sourit, on dit un merci de politesse et on pose le truc dans un coin. 

Je vais te donner une clé qui moi m’a beaucoup aidée, ces choses, en vrai, on a le droit de les refuser. Que ce soit des choses matérielles ou immatérielles.  Que ce soit des objets ou de la négativité.

Tu n’es pas obligée d’accepter ce que l’on t’offre. Quelque soit la chose qui se présente à toi, tu as le droit de dire non. De t’affirmer, de prendre ta place, de laisser le regard et les pensées des autres de côté. Bien sûr que chaque chose apporte une expérience qui nous fait grandir mais les choses qui ne nous appartiennent pas (croyances, pensées, objets ou autre) on a le droit de les refuser. Même si « c’est pas poli ». 

J’ai récemment vécu une expérience des plus étranges qui m’a confrontée directement à cet enseignement. Et qui m’a balancé en pleine figure que je n’étais pas obligée d’accepter ce qui ne m’appartenait pas. 

Quand je suis rentrée chez moi après 10 jours de cours Vipassana, j’ai découvert de nombreuses choses qui ne m’appartenaient pas, chez moi. J’ai ouvert la porte et je suis directement tombée sur une guirlande lumineuse en forme d’étoile et un coussin un forme de requin dans le salon. La porte de la chambre était fermée, je l’ai ouverte et j’ai découvert un énorme et imposant fauteuil de bureau noir. Je suis allée de découverte en découverte, allant même jusqu’à une trottinette sous le canapé, à la fois sidérée et morte de rire. Puis j’ai ouvert les placards, fouillant chaque recoin de mon appart et j’ai continué à découvrir des choses cachées ici ou là.

Après avoir passé 10 jours a développer l’équanimité, le calme et la paix intérieure, c’était assez fascinant d’observer mes sensations. Je me suis même demandée si j’avais tellement médité que je ne me souvenais plus d’avoir accumulé toutes ces choses. Mais non! Je suis arrivée à la conclusion que je n’étais pas folle. Tous mes amis savent que je suis plutôt dans un processus de détachement et que je fais en sorte de régulièrement désencombrer mon appartement. 

Simplement la personne à qui j’avais prêté mon appartement pendant mon absence n’était à priori pas sur la même longueur d’ondes. Notre notion du prêt et de l’appropriation des lieux était totalement différente. Pourtant je lui avais dit « fais comme chez moi », l’expression favorite de mon grand père. Totalement appropriée dans ce contexte. 

Mais comment quelqu’un qui est venu avec un simple sac à dos a pu accumuler autant de choses en même pas une semaine?

Comment est-ce qu’on peut investir autant l’espace de quelqu’un d’autre?

Ou est la notion de respect? de limites?  Ou est-ce que j’ai merdé dans ma communication?

Grandes questions…

Toujours est-il que cette expérience m’a ramené directement à une histoire de Buddha que j’avais entendue quelques jours avant.


Le vieux brahmane et le cadeau

Un vieux brahmane (une caste de religieux en Inde) était dans une colère noire envers Buddha. Ce soit-disant sage qui enseignait des choses allant à l’encontre de sa religion.

« Toute ma famille, mes fils, mes belles filles, mon épouse ont tous arrêté leur cérémonies rituelles. Ils s’assoient dans un coin et ils font leur respiration / sensations / respiration / sensations . Ca va détruire toute notre religion! Nos rites, notre histoire, il est en train de tout saccager!! Je dois y aller maintenant. Je vais lui fracturer le crâne, c’est la seule manière qu’il arrête ses enseignements débiles.»

Il arriva donc super en colère vers Gautama le Buddha. Celui-ci vit ce vieux monsieur dont le mental était totalement agité et lui dit « Viens, assieds toi, on va discuter de ton problème ».

Mais ce vieux brahmane avait pris une décision en venant. « Je ne vais pas commencer à discuter avec lui parce qu’il est super intelligent, à partir du moment où je commence à discuter avec lui ma colère va disparaitre et je ne vais plus pouvoir lui ouvrir le crane, je dois continuer avec ma colère ».

Il se rapprochait de plus en plus, insultant encore et encore le sage. Buddha s’adressa au vieux monsieur. « J’aimerai que tu répondes à une question » « Oui » « Ne reçois-tu pas des visiteurs chez toi? » « Oui, oui bien-sûr beaucoup de visiteurs viennent chez moi, c’est quoi le rapport? ». Buddha continua « Dis-moi certains visiteurs peuvent apporter des cadeaux pour toi? » « Oui, oui bien-sûr beaucoup de visiteurs m’apportent des cadeaux, c’est quoi le rapport? »

« Si un visiteur t’apporte un cadeau et que tu n’acceptes pas ce cadeau qu’est ce qui se passe? ». Le vieux monsieur répondit « Qu’est ce qui se passe? Il repart avec son cadeau, il le garde. Pourquoi est-ce que je prendrais quelque chose que je ne veux pas » Buddha rétorqua « C’est la même chose que je veux te dire, vieil homme. Tu es venu comme un visiteur chez moi, tu as amené tous les cadeaux de tes insultes, de ta colère, de ta rage, de ta fureur. Je ne les accepte pas, ils sont à toi. C’est ta propriété, pas la mienne »

Le vieux monsieur était très intelligent, il avait seulement ce voile d’ignorance qui ne lui permettait pas de comprendre la vérité. Le voile se leva et il commença à comprendre.

Durant toute notre vie, les gens nous apportent des cadeaux. Des cadeaux en tous genres, des insultes, de la négativité, de la frustration parfois des éléments d’aspect plus positifs. Et commence alors le jeu de l’échange. On accepte ces cadeaux et en retour on leur en donne 10. Puis ils nous en renvoient 100 et ça continue de manière exponentielle. Tu es malheureux, je suis malheureux. Je me sens redevable, tu te sens redevable.

« Gautama, comment tu as appris cette technique où tu n’acceptes aucun cadeau? »

« Assieds toi vieil homme, ferme les yeux et observe ta respiration, observe tes sensations. Si tu ne t’observes pas, tu ne peux pas sortir de ces problèmes » 


En repensant à cette histoire, je me suis dit que la vie me faisait un cadeau. En passant directement de la théorie à la pratique. Les enseignements reçus dans la semaine se sont manifestés pour que je les comprenne vraiment.

Finalement c’était un gentil enseignement et la vie a quand même été cool avec moi. Tout était tellement moche et tellement pas aligné avec ce que je pense être et le cocon que je veux créer que j’ai eu une envie viscérale de me débarrasser de tout ce qui avait été laissé. Alors j’ai nettoyé, j’ai trié, j’ai rangé, j’ai vidé, j’ai fait de la place. Tout comme Vipassana aide à purifier son esprit et à l’aiguiser, le moment était venu de purifier mon lieu de vie. De me débarrasser de toutes les choses inutiles qui ne m’appartenaient pas. Tout ça au sens propre évidemment. J’ai fait plusieurs sacs poubelles, j’ai donné le fameux fauteuil et le reste finira sur le trottoir aux encombrants sur le trottoir ce soir (joli symbolisme que je finalise l’article aujourd’hui d’ailleurs).  

On peut aussi voir dans cet apprentissage le symbolisme des croyances qui nous ont été inculquées. Des sentiments que l’on absorbe des autres. Des engagements que l’on n’ose pas refuser par anticipation d’une potentielle réaction négative de l’autre. 

Tout ça ne nous appartient pas. 

J’apprend encore chaque jour à m’affirmer. 

A me respecter. 

A me détacher des choses qui ne m’appartiennent pas. 

Qui (ou quoi) je suis vraiment je me pose toujours la question. Mais chaque jour j’apprends. J’apprends à me détacher. J’apprends à être un peu plus honnête avec moi-même. Je m’autorise à être un peu plus vulnérable en disant ce que je pense plutôt que de faire en fonction de ce que je pense que les autres attendent de moi. 

Alors la prochaine fois qu’on te donne quelque chose que tu ne veux pas.

Tu peux simplement dire « Merci, mais non merci »

Et toi est-ce que la vie a déjà mis sur ton chemin des situations qui t’ont apporté des prises de conscience?


Photo de Pixabay

Julie

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