Qu’est ce que l’Ashtanga Vinyasa?

Pour commencer il est important de différencier Ashtanga Yoga et Ashtanga Vinyasa Yoga. 

Ashtanga signifie 8 aṅga. Selon les traductions, aṅga se traduit par membres / branches ou piliers. Il s’agit du Raja Yoga, le Yoga royal, le chemin vers la libération tel que nous l’enseigne Patanjali depuis plus de 5’000 ans.

L’Ashtanga Vinyasa Yoga est une méthode de pratique développée et codifiée par Sri K. Pattabhi Jois (1915 – 2009). Elle se compose de séries fixes d’asanas (postures) liées entre elles avec des vinyasa (séries de mouvements et de respirations) en suivant une certaine technique respiratoire (pranayama). Il existe 6 séries d’asanas, chaque élève commence par la première série (Yoga Chikitsa) et ne peut passer à la suivante qu’une fois qu’il maitrise la série complète.

Le fait de répéter toujours la même séquence permet la progression. 

Do your practice and all is coming

Pattabhi Jois

Si tu aimes suivre un cadre, que tu veux bâtir de la force, de la flexibilité, améliorer ta condition physique et que tu souhaites mesurer tes progrès, cette pratique est pour toi!

Voyons quelques aspects qui caractérisent l’Ashtanga Vinyasa.

Les origines

Dans le texte sacré des Yogis, la Bhagavad Gita Krishna proclame qu’on ne vient au Yoga dans sa vie qu’en ayant pratiqué dans une vie antérieure et qu’on est attiré vers la pratique comme vers un aimant.

Bien que ce soit une pratique ancestrale, on considère Sri Tirumalai Krishnamacharya (1888 – 1989) comme le grand père du Yoga moderne. C’est lui qui a formé Sri K. Pattabhi Jois en se basant sur le Yoga Korunta (ancien texte sacré écris sur les feuilles de palmiers dont l’origine est controversée). 

L’étude de ces textes sacrés est la source de l’Ashtanga Vinyasa comme enseigné actuellement. 

Durant de nombreuses années Pattabhi Jois a enseigné dans une petite salle chez lui à Mysore, au sud de l’Inde. C’est de là que vient la pratique « Mysore ». Contrairement à un cours guidé, la pratique mysore permet aux élèves de pratiquer à leur propre rythme, généralement sans interruption sous la guidance du guruji (professeur). 

Les 8 aṅga de l’Ashtanga

Comme nous venons de le voir, Asthanga signifie 8 aṅga (membres / branches ou piliers). Un peu comme un ensemble de règles de bonne conduite pour atteindre l’éveil.

En cultivant ces 8 étapes le praticien peut atteindre l’état d’ETRE, de bonheur universel.

  1. Yama – Observations éthiques
    • Ahimsa : non-violence envers les autres et soi-même à tous les niveaux physiques, émotionnels et mentaux 
    • Satya : honnêteté, être vrai, en accord avec sa nature
    • Asteya : ne pas voler 
    • Brahmacharya : modération à tous les niveaux cours, esprit et parole
    • Aparigraha : non possession
  2. Niyamas – Observations de soi
    • Saucha : purification interne et externe, pensées et actions positives, actes de bienfaisance
    • Santosha : contentement, gratitude, tranquillité 
    • Tapas : equanimité, chaque expérience douleur est une opportunité de laisser partir 
    • Svadhyaya : introspection
    • Isvara pranidhnana : dévotion à l’universel
  3. Asanas – Postures
    • A travers la pratique physique on ouvre le corps pour enlever les blocages (granthis). Les principaux granthis sont l’attachement aux possessions et aux gens. Le regard (dristhi), la respiration ujjayi et l’engagement des bandhas (verrous énergétiques) permettent une meilleure circulation du prana (énergie vitale). Le corps devient fort et souple, le système nerveux et calme et on développe un contrôle de l’esprit.  
  4. Pranamyama – Régulation de la respiration
    • Le pranayama est la connection entre le corps et l’esprit. En contrôlant la respiration on contrôle l’esprit.  La pratique des pranayama rend le système respiratoire plus fort, calme les nerfs et réduit les envies.
  5. Pratyahara – Détachement
    • En pratiquant le détachement dans le sens bouddhiste, le moi profond (Atman) devient l’universel (Brahman). En se tournant vers l’intérieur, on prend conscience de nos conditionnements mais sans y réagir. Le moi profond se libérer d’une existence conditionnée (samsara) pour voir l’univers dans toute chose. 
  6. Dharana – Concentration
    • L’objectif de ces 8 aspects est le Yoga, l’union avec l’universel. A travers la contemplation, le sujet (moi) qui observe l’object (l’autre) ne font plus qu’un. 
  7. Dhyana – Méditation
    • Plutôt que de contempler quelque chose, on se concentre sur le néant. L’esprit est calme dans le sens Zen, il est vide. Comme pour le dharana il n’y a aucune analyse, aucun jugement, aucune comparaison, aucune mesure.
  8. Samadhi – Ne faire plus qu’un avec l’univers
    • Lorsque l’on s’est libéré du samsara (la conscience sélective liée à l’égo) on atteint la conscience universelle pour plonger dans un océan de paix (shanti) et on expérimente le bonheur universel. 

Aucune raison de se précipiter, chaque chose vient en son temps et le chemin est aussi important, voire plus important que la destination.

Vinyasa

Vinyasa signifie la synchronisation du mouvement et de la respiration. 

Une respiration = un mouvement

Lorsque l’on pratique, chaque mouvement est lié avec une inspiration ou avec une expiration. De manière générale on inspire pour se préparer et sur l’expiration on vient se positionner dans l’asana. Chaque combinaison d’un mouvement avec une respiration est donc un vinyasa.

Le vinyasa est l’expression extérieure d’un mouvement subtile d’énergie. Il vient connecter notre monde intérieur avec notre monde extérieur. Le mouvement et la respiration ne font plus qu’un, l’esprit se libère et la pratique devient une danse.

Un des objectifs est le nettoyage interne (les yogi sont obsédés par le nettoyage interne… ils existe d’ailleurs énormément de kryas différents pour se purifier). 

Lier le mouvement et la respiration réchauffe le corps et le sang. Lorsque le sang est trop épais, il circule mal. L’augmentation de la température corporelle rend le sang plus fluide et active la circulation sanguine. Le sang a donc plus de facilité à lubrifier les articulations et à activer les muscles. L’augmentation de la température corporelle met également en route un processus de thermorégulation, on transpire et on élimine les toxines. 

La création de chaleur permet également de préparer le corps au prochain asana et nous ramène à un instant de repos entre les postures. 

Les yogis pensent donc que lorsque l’on suit cette méthode du vinyasa les aspects physiques et spirituels de la pratique ne font plus qu’un pour nous guider vers le chemin de notre exploration interne. 

Tristhana

Tristhana signifie les 3 points de focus, les 3 points d’attention: les asanas (postures), la respiration et le drishti (le regard).

Ces trois éléments sont fondamentaux car ils correspondent aux trois niveau de purification: le corps, le système nerveux et l’esprit. 

  • L’asana rend le corps plus fort, plus flexible et le purifie.
  • La respiration, lorsque l’inspire (rechaka) et l’expire (puraka) sont identiques (même durée) purifie le système nerveux.
  • Le regard, drishti, canalise le regard lors des asanas. Lorsque le regard part à droite à gauche, l’esprit fait la même chose. En canalisant le regard on canalise l’esprit et en conséquence on le purifie.

Respiration

En Ashtanga Vinyasa on utilise la respiration Ujjayi qui consiste à respirer par le nez et à contracter légèrement les muscles de la gorge pour créer le son de l’océan (ou de Darth Vader).

Au niveau physiologique, on garde la chaleur à l’intérieur et on progresse plus facilement dans les asanas. Au niveau mental, cela agit comme un mantra, un son doux et agréable sur lequel on peut se concentrer pendant la pratique. 

Se concentrer sur la respiration nous permet d’avoir une indication sur la qualité de notre pratique. Lors d’un effort trop intense, la respiration se fait plus saccadée, on doit la forcer. Au contraire si l’intensité est trop faible, on aura tendance à perdre la respiration Ujjayi et le flot de nos pensées revient en force. 

Maintenir une relation constante avec la respiration permet d’être ici et maintenant et de faire de chaque instant une méditation. 

Bandha

Les bandhas sont une série de verrous énergétiques qui agissent comme des vannes pour réguler la circulation du prana (énergie vitale).

En Ashtanga Vinaysa on travaille principalement avec Mulabandha (la racine), Uddiyana Bandha (le nombril) et Jalandhara (le menton).

Lorsque les verrous sont activés (on ferme les vannes), le prana n’a d’autre choix que de circuler à travers les canaux à l’intérieur du corps. Cela permet d’irriguer les cellules et d’assimiler l’énergie. 

Dristhi

Drishti en sanskrit signifie « regard ». 

En général cela correspond au point sur lequel on focalise notre attention dans une posture de Yoga.

Ça nous évite de penser que notre vernis aurait besoin d’être refait, qu’on n’est pas bien épilée ou que notre voisine a quand même un beau tapis. Eh oui nos yeux ont l’habitude de scanner l’environnement à la recherche d’informations… du coup amener le regard sur un point précis permet d’éliminer certaines distractions.

Et pourtant le drishti c’est bien plus que ça. C’est un point d’ancrage qui n’a pas nécessairement à voir avec notre vue. C’est plutôt un point d’ancrage interne pour contrôler l’esprit.

Le vrai focus est à l’intérieur.

On peut canaliser son regard sur un point précis mais ce qui importe le plus c’est de prêter attention à se qui se passe en nous pendant la pratique.

Par exemple tu peux prendre conscience des éléments suivants:

  • ☾ Comment est ma respiration?
  • ☾ Est-ce que je ressens des tensions dans certaines parties de mon corps?
  • ☾ Est-ce que je me sens détendu·e?
  • ☾ Est-ce que je suis conscient·e de mon corps?

Yoga Chikitsa

La première série d’Ashtanga Vinyasa se nomme également « Yoga Chikitsa » en sanskrit, ce qui signifie littéralement Yoga thérapie.  

Elle se concentre sur deux points essentiels:

  • les limitations physiques : une chaine postérieure courte, des hanches serrées, un déséquilibre de la colonne vertébrale, une mauvaise posture et un centre (core) faible
  • les limitations mentales: manque de volonté, manque de focus mental, connexion corps-esprit limitée, pensées négatives

En progressant dans les différents asanas de cette première série, le·a praticien·ne va renforcer son mental et peu à peu connecter le corps à l’esprit. 

D’un point de vue énergique en lien avec la philosophie du Yoga, le corps se compose d’un réseau complexe de nadis. Les nadis sont des canaux dans lesquels circulent l’énergie, que l’on nomme prana. Le prana est considéré l’énergie vitale, la source initiale de la vie. 

Un peu comme un réseaux de tuyaux d’arrosage qui viendraient irriguer un champ, les nadis viennent irriguer notre corps. Parfois il arrive que le tuyaux ait des noeuds et que l’eau ne puisse plus s’écouler. C’est la même chose avec les nadis, parfois ils s’obstruent et le prana ne peut plus circuler. 

La pratique du Yoga et en particulier de cette série permet de lisser ces noeuds et de faire place nette pour le passage du prana. 

Les asanas de cette série, sont exécutés dans un ordre bien précis qui prépare le corps pour la posture suivante. Chaque posture a des bienfaits physiques qui résultent en une detoxification et un réalignement du corps et du système nerveux. Cette première série dure environ 1h30 et est plutôt adaptée pour les personnes ayant une première expérience du Yoga, il existe néanmoins des versions plus courtes.

La pratique régulière étant plus importante que la durée de la pratique en elle-même 🙂

Patience et détermination sont donc indispensables pour cette pratique. Laisser le temps et l’espace à la pratique d’infuser et d’apporter ses bienfaits sur le tapis et en dehors. Eh oui les bienfaits de la pratique du Yoga ne s’arrêtent pas à la surface de notre tapis.

The fruits of Yoga mature with patience and care

David Swenson

Mantras d’ouverture et de clôture

Traditionnellement chaque pratique commence et se termine par un mantra chanté

Chant d’ouverture

Le mantra d’ouverture est une expression de reconnaissance offerte au professeurs et aux élèves qui ont permis de transmettre et de faire perdurer cette pratique à travers les siècles.

Ce chant permet de nettoyer l’énergie de la pièce et de préparer le corps, le coeur et l’esprit à la pratique.

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Chant de cloture

Le mantra de clôture ramène la pratique à une fin sereine, finaliser le travail effectué et offrir les bienfaits de la pratique pour améliorer l’état du monde. Avant un savasana bien mérité!

Ecouter sur Spotify


«  Yoga can be practiced by anyone, whether young, 

old, very old, healthy or sick. Even so, the way in

which a young person is taught will differ in 

manner from the way in which an old or sick 

person will be taught. Therefore, each student 

must be considered as an individual and taught 

at a pace that is suitable for their situation in life.

The dharma, or duty, of the student is to

practice diligently and to strive to understand

the teaching of the guru. The perfections of

knowledge – and of yoga – lies beyond 

simply mastering the practice; knowledge grows 

from the mutual love and respect between

student and teacher, a relationship that can

only be cultivated over time. »

Pattabhi Jois

L’Ashtanga Vinyasa comme toutes les formes de Yoga c’est 99% de pratique et 1% de théorie alors déroules ton tapis et au boulot!

Photo de couverture Elly Fairytale provenant de Pexels

Julie

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