Silence
Durant ma formation de yoga avec All Yoga Training j’ai eu la possibilité d’expérimenter une journée de silence et je suis reconnaissante à l’organisation de nous avoir offert cette opportunité.
Ces 24 heures consistaient en une absence totale de contact verbal avec les autres participants, des contacts minimes avec les gens de l’extérieur ainsi qu’en une absence d’occupation mentale. Les périodes de silences n’étaient pas les mêmes pour tous, elles commençaient après le cours théorique de l’après-midi suivant notre présentation orale et se terminaient le lendemain à la même période.
Je ne suis pas quelqu’un de bavard de base et comme je suis plutôt introvertie le fait de devoir garder le silence pendant 24 heures ne me faisait pas peur, contrairement à d’autres personnes qui ont révélé le défi mais qui étaient terrorisées à l’idée de le commencer.
Je n’ai pas expérimenté de révélation durant ces quelques heures seules avec moi-même (dont je l’avoue quelques heures de sommeil) mais j’ai pu observer de nombreux détails auxquels je n’avais pas prêté attention jusqu’alors. Nusa Lembongan est une ile paradisiaque et j’étais tellement concentrée dans ma formation que je n’avais pris le temps de savourer la chance que j’avais d’être là, dans ce cadre exceptionnel.
Après la pratique du soir (pratique individuelle en style Mysore) j’ai donc pris le temps d’admirer le coucher de soleil, les changements de couleurs du ciel, de la mer et de l’atmosphère. C’était absolument splendide. Nous avions la chance d’avoir notre shala (studio de yoga) directement sur la plage avec une vue directe sur la mer et ma chambre avait également une vue sur la mer et je n’avais pas pris le temps d’en profiter.
L’un des challenges de ces 24 heures était de ne pas avoir d’occupation mentale (pas de révisions, pas de lecture, pas de film, pas de téléphone, donc pas de moyen de divertir mon esprit…), ce qui fut assez difficile pour moi. J’ai plutôt l’habitude d’être sans arrêt en mouvement, à faire différentes choses et à culpabiliser lorsque je ne fais rien.
J’ai pu profiter de la soirée pour aller dans un institut de beauté et me faire épiler (certes c’est une occupation mais étant considéré comme du self-care c’était autorisé) . C’était une expérience assez particulière car rien n’indiquait que j’étais en période de silence (non je n’avais pas une pancarte disant « je suis en silence ») et ce fut compliqué de faire comprendre aux esthéticiennes que dans la cadre de ma formation j’avais décidé de m’abstenir de communiquer pendant 24 heures… Après un moment de gestes étranges et de mimes de ma part, elles ont finalement pu comprendre ma situation et je me suis dit que l’expérience aurait probablement été encore plus folklorique en Europe! Après un moment j’ai finalement réussi à me détendre et à profiter de l’expérience.
Quand je suis allée souper au warung Maria’s Boemboe, l’expérience fut différente. J’ai savouré mon repas, observé les gens venus se restaurer, écouté les bruits ambiants, prêté davantage attention aux odeurs. Je savais que la nourriture était délicieuse mais en étant seule avec moi-même j’ai apprécié davantage chaque bouchée et j’ai expérimenté un repas en pleine conscience.
C’est fou comme on comble sans arrêt le silence avec des mots ou des actions. Lorsque l’on est avec quelqu’un, la plupart des gens se sentent obligées de parler (sans pour autant s’écouter) et je me suis également rendue compte que la plupart du temps où je suis seule je ne fais jamais rien. En mangeant je regarde un film ou une série, je lis ou je surfe sur mon téléphone ou mon ordinateur. Mais manger en silence, en appréciant le moment présent je ne crois pas en voir fait l’expérience avant et pour être honnête il ne me semble pas non plus l’avoir expérimenté depuis.
Le calme de l’esprit, la bienveillance, le silence, le total retrait en soi-même, la pureté des émotions, c’est tout cela conduire la pensée.
Bhagavad Gîta 17.16
Pour moi le plus difficile était de ne pas écrire, j’ai pour habitude de noter mes idées quand elles viennent de peur de les oublier et pendant ces 24 heures je n’ai pas pu. C’était étrange. Au début j’essayais de me répéter ces choses afin de ne pas les oublier mais j’ai fini par renoncer en me disant que de toutes façons si c’était important cela reviendrait à mon esprit.
Néanmoins, une fois la période de silence terminée, je me suis empressée de noter mes impressions dans le journal que j’ai tenu chaque jour durant ma formation, pour faire le point de mes émotions durant cette période.
Si l’expérience vous tente essayez… une minute, une heure, un jour. Eteignez votre téléphone, écartez vous de toute distraction et savourez ce moment avec vous même. Chaque expérience est unique et si cela ne vous convient pas au moins vous aurez essayé et cela aura peut être éveillé en vous la curiosité de recommencer.
Prenez soin de vous et des autres!
Merci pour ce partage d’une expérience intime et très précieuse.
Te lire m’amène à m’interroger aussi sur ce besoin de toujours faire quelque chose. Dans ce monde de gens pressés c’est culpabilisant de prendre le temps de ne rien faire, dans ce monde hyperconnecté, difficile de ne pas communiquer même pour ne rien dire.
Pourtant c’est un vrai besoin je pense. J’experimente parfois le midi le « manger seule et en silence » après une demi-journée de classe, et certains jours ça m’est indispensable après une matinée d’hyperstimulation ^^.
Mais je devrais faire ce genre de choses plus souvent.
Merci pour ce partage! Je suis tout à fait d’accord, moi-même j’ai régulièrement l’impression de ne pas en « faire assez » et pourtant je suis sans arrêt en stimulation…
Quand je m’en rend compte j’essaye de me rappeler cette formule je j’aime beaucoup : « We are human beings, not human doings ». L’impact n’est pas aussi fort lorsqu’on le traduit en français mais l’utilisation de ces deux verbes fait tout son sens!